jeudi 16 décembre 2010

Parenthèse (pas très) enchantée

Je délaisse ce blog en ce moment, prise par des révisions, encore, pour mon concours, toujours le même, auquel je suis admissible! Mais 2011 sera plus prolixe, ou ne sera pas!

Une belle citation du jeudi, qui me vient, comme ça, et qui me rappelle à quel point j'aime sa poésie:

"Le monde mental ment
Monementalement"

Jacques Prévert, Paroles  

Belles fêtes à tous!

jeudi 18 novembre 2010

Il n'est jamais trop tard.

 


 " Tout est dit et l'on vient trop tard, depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent"

La Bruyère, Caractères.


Cette phrase me dit qu'à travers les siècles nous ne sommes jamais que les mêmes, à s'interroger sur le sens de la vie, le but de l'écriture, la mort de l'art. Mais on ne vient jamais trop tard, surtout si on vient de très loin, si on se retrouve dans la Citation du jeudi... Rassurez La Bruyère, lisez les Caractères!




samedi 23 octobre 2010

Semaine critique, l'excellente émission culturelle de France 2


Je n'ai pas la télévision, mais je ne rate pas une seule émission, grace à Pluzz.fr, le site de rediffusion de France Télévisions. Semaine critique,  nouvel hebdo culturel de France 2,  diffusé le vendredi à 23h, est présenté par Franz-Olivier Gisbert, entouré d'une délicieuse équipe de chroniqueurs, souvent enflammés, rarement d'accord, parmi lesquels se distinguent David Abiker, Caroline Fourest, et Elizabeth Lévy

Chaque semaine, les invités -écrivains, et politiques- viennent débattre et se frotter aux questions des chroniqueurs, avant de laisser place à la tirade mégalomane -et souvent hilarante- de Nicolas Bedos, puis à la discussion des chroniqueurs autour de thèmes de société ayant marqué l'actualité de la semaine, de l'interdiction de l'expo Larry Clark aux mineurs, à la construction d'une mosquée dans le quartier de Ground zero, en passant par l'analyse sémiologique de l'expo La France de Depardon!

Même si elle ne résiste pas au rituel inévitable de la promo, cette émission est précieuse: le niveau de qualité, tant des invités que des discours, la verve des chroniqueurs, les conseils de lecture de Franz Olivier Gisbert, tout est à prendre! Vu l'heure de diffusion, je ne sais pas si l'émission passera la saison, alors profitez-en dès maintenant!

L'emission du 22 octobre,  passionnante, et  parfois cacophonique, avec notamment Emmanuel Todd en grande forme, Manuel Valls et Bruno Le Maire.

jeudi 21 octobre 2010

La citation du jeudi # 5 : L'amour selon Musset




On ne badine pas avec l'amour  est une de mes pièces  préférées. 

Le passage qui va suivre, je ne me le lasse pas de le lire, et de le raconter. Ce sont à ces mots là que je pense quand je commence à douter de l'amour,  soit un jour sur deux, ou bien quand j'ai peur de prendre des risques. Perdican est bien jeune, mais je crois qu'il a tout compris.

  
" Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : " J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. "

On ne badine pas  avec l'amour, Acte II, 5

mercredi 20 octobre 2010

Dans la nuit brune - Agnès Desarthes



De retour sur la blogosphère pour parler de mon coup de cœur de la dernière sélection de Elle!

Le superbe roman d'Agnès Desarthes nous emmène loin des sentiers battus. Jérôme, enfant trouvé dans les bois, père aujourd'hui impuissant face a la tristesse béante de sa fille Marina, dont le premier amour vient de mourir, est incapable de se plier aux codes de la société et du langage.

Le style est percutant, les personnages aussi complexes que la nature est brute. Leur cheminement tortueux est celui d'une enquête sur les origines: celle de la naissance de Jérôme, celle de la mort d' Armand, celle du cœur sur lui-même. 
 
Roman de la fragile équation de la famille, de la rupture silencieuse de l'adolescence, des impossibilités du langage, Dans la nuit brune nous plonge dans les brumes de quelques vies, pour mieux éclaircir les nôtres.
 
A ce stade de l'année, il est définitivement mon favori! 
 
 
" C'est le problème avec les mots, songe Jérôme. Les gens sont tellement bavards, sans parler des journaux et de la télévision. Partout, sans arrêt, des mots, des phrases, les mêmes phrases: "Je t'aime", "C'est génial", "C'est la vie". Ne pourrait-on, un instant, revenir à une préhistoire du langage, à sa découverte, à son enfance, à l'époque où chaque vocable s'ancrait profondément dans ses racines, les trîainait à sa suite, où l'on parlait si peu que chaque déclaration provoquait un effarement? "

jeudi 30 septembre 2010

La citation du jeudi # 4



" Cherchons ailleurs l'éden, [...]  l'éden est moral, et non matériel. 
Être libres et justes, cela dépend de nous. 
La sérénité est intérieure. C'est au dedans de nous qu'est notre printemps perpétuel"


Victor Hugo, Les travailleurs de la mer.

jeudi 9 septembre 2010

La citation du jeudi #3



Une pause au milieu de mes révisions pour faire honneur à la citation du jeudi et à un auteur que j'aime beaucoup, Charles Dantzig. Aussi brillant que drôle, et partial qu'érudit,  Charles Dantzig m'a passionnée dans son Dictionnaire égoïste de la littérature française. Dans son dernier essai, il livre sa vision de la lecture, et ces quelques lignes ont tout de suite résonné en moi. La littérature ne sert à rien, c'est bien pour cela qu'elle est indispensable.


"Voilà pourquoi la lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. Lire ne sert à rien. C'est pour cela que c'est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien." 

Charles Dantzig, Pourquoi lire (sortie le 1er octobre 2010) 

lundi 23 août 2010

Entracte





Je délaisse ce blog quelques jours, je m'apprête à passer de charmants concours, mais je serai bientôt de retour, avec un sens plus subltil de la rime, promis!

En attendant, passez une belle rentrée littéraire, je crois qu'il y a de quoi faire.. 
Personnellement, il me tarde de lire Le siècle des nuages, de Philippe Forest, et, bien sur, la sélection de Elle, bientôt dans ma boîte aux lettres et sur ce blog, avec entre autres Agnès Desarthes, Sarah Waters, Alexandre Jollien, Dominique Zehrfuss.. 

A suivre donc!

 

jeudi 19 août 2010

La citation du jeudi # 2


Un auteur que j'aime beaucoup, et pas que pour sa Zazie. Parce qu'il a su génialement explorer les formes du langage, en prose (Exercices de Style) comme en poésie (Cent mille Milliards de Poèmes), parce que sa vision ludique de la littérature est peut-être encore le meilleur moyen de prendre la littérature au sérieux, parce que l'OuLiPo, et parce que..


" Les mots, il suffit qu'on les aime pour écrire un poème"
Raymond Queneau, "Un poème" 


.. il faut continuer à lire Raymond Queneau..

Pour une dégustation de poésie, c'est ici!

lundi 16 août 2010

Les disparues de Vancouver - Elise Fontenaille


 Le pitch:  

A Vancouver, la ville canadienne qui a accueilli les Jeux Olympiques d'hiver cette année, il y a un quartier, le plus pauvre, Downtown Eastide. Il regorge de junkies, de prostituées,  et ce sont souvent les mêmes personnes. De cette ville hors la loi dont on ne parle pas, 69 prostituées, la majorité d'entre elles étant des Indiennes, ont disparu entre les années 70 et 1997, dans la criante négligence des autorités et de l'opinion.

Le potch:

Le court roman d'Elise Fontenaille est un électrochoc. Sans compromis, il met en lumière un milieu et des crimes qu'il fait mieux cacher. Les détails objectifs du fait divers y sont associés au point de vue de Wayne, un ami de Sarah, l'une des Disparues dont il a été fou amoureux et dont il s'efforce de retrouver la trace. Sarah, jeune femme d'origine indienne, est l'héroïne absente, celle dont on lit les émouvants passages du journal intime, celle qui donne un corps au récit. Corps ravagé par la drogue, par le sexe, par la mort, il est le symbole d'une crise sociale et raciale dans un pays pourtant classé au hit-parade des endroits où il fait bon vivre. Photographie d'une réalité glaçante, servie par un style qui pêche parfois par son manque de sobriété - les faits sont, à mon sens, déjà suffisamment terribles-, les Disparues de Vancouver ouvrent la conscience, et offre une reconnaissance aux victimes. Il est dommage que la réflexion sur le sort des « natives » indiens au Canada n'ait pas été plus approfondie. C'est une réalité historique et sociologique que j'ignorais, et qu' Élise Fontenaille esquisse avec talent, dans un ouvrage dédié à la mémoire de Claude Lévi-Strauss. Variation littéraire autour d'un fait divers sordide, Les Disparues de Vancouver est aussi un manifeste social. A lire le cœur bien accroché. 

Les patchs: 

" Pourquoi les peuples qui n'ont pas d'écriture disparaissent-ils, tous, les uns après les autres..."

"Entendu un soir dans un bar: "Un quart des canadiens ont du sang indien dans les veines, les trois quarts restant ont du sang indien sur les mains."

samedi 14 août 2010

Albert Cohen comme vous ne l'avez jamais lu


Il y a des jours où on bénit l'existence de Youtube, et pas que pour les montages romantico-niais dont il abonde. (Ben oui, j'avoue, j'ai jadis visionné ce chef d'œuvre audiovisuel, et plusieurs fois de suite, mais que celle qui n'a jamais été amoureuse de Michael Scoffield me jette la première pierre;-).
Bref. Il y a donc des jours où on est content que Youtube existe, et pour moi, ce jour là, c'était aujourd'hui. 

Voici un extrait de la culte Apostrophes. Nous sommes en 1977, et Albert Cohen reçoit Bernard Pivot. Extrait court, trop court, mais suffisant pour saisir l'immense talent, et l'orgueil certain, du monstre Cohen. Effectivement,  il semble que personne d'autre que lui ne puisse dire du Belle du Seigneur sans l'affaiblir.. Et quand il répond aux questions de Pivot, c'est comme s'il écrivait encore..



jeudi 12 août 2010

La citation du jeudi # 1




Le savoureux blog de Mademoiselle relaie une initiative blogosphérique de Chiffonnette qui a tout pour me plaire : la citation du jeudi. Tout pour me plaire, parce que j'aime bien les citations, et le jeudi aussi..
Pour commencer, et je triche déja, parce que ce n'est pas un ouvrage que je suis en train de lire, je citerais une phrase de Roland Barthes qui est, selon moi, une des plus belles définitions de la littérature:


« L’écrivain est un homme qui absorbe le pourquoi du monde dans un comment écrire »

Roland Barthes, Essais critiques, 1964

Rupture - Simon Lelic

Moi qui ne connais pas grand chose au polar, Christie, Benaquista et Lehane mis à part, j'ai eu le plaisir, grâce au prix des lectrices de Elle, de découvrir le premier roman de Simon Lelic, Rupture. A lire absolument!

Le pitch: 
Eté caniculaire à Londres. Samuel Szajkowsi, professeur d'histoire, ouvre le feu dans le collège où il enseigne. Il abat trois élèves et une collègue, avant de retourner l'arme contre lui. L'enquête est confiée à l'inspecteur Lucia May. Sa hiérarchie décide de clore rapidement le dossier, à charge contre la folie suicidaire de Szajkowsi. Mais au travers des interrogatoires qu'elle a menés, Lucia a découvert l'envers de la fusillade, et tente de faire entendre sa voix.

Le potch:
Ce premier polar est une brillante réussite. Pour son personnage principal, tout d'abord. Anti- héroïne, l'inspecteur May, jeune femme solitaire, sombre et intérieure, miroir de Samuel, est soumise à une violence physique et morale quotidienne, dont elle ne se défend que trop mal. Pour l'intrigue, ensuite. Construite sur une alternance entre des chapitres retranscrivant les différents interrogatoires et des chapitres narratifs, elle nous fait pénétrer progressivement dans l'horreur, et comprendre, sinon excuser, la « rupture » dans l'esprit de Samuel Szajkowski. Enfin, le tableau d'un système éducatif anglais où l'attraction des investissements privés prévaut sur la sécurité des enfants et où la négligence du directeur d'un collège peut conduire à des drames irréparables, ne semble en rien relever de la science-fiction. Signal d'alarme littéraire, ce roman peut-être lu comme un appel politique au maintien du rôle de l'État dans le service public de l'Éducation. Il dresse également le tableau des ressorts d'une violence banalisée, dont on perçoit les sources, les progressions, et les aboutissements. Rupture, un premier polar prometteur, qui pose un regard original sur un criant problème de société.

samedi 7 août 2010

Les derniers jours de Stefan Zweig - Laurent Seksik



J'ai la chance d'être membre du jury du grand prix des lectrices de Elle cette année. Je compte bien  en profiter pour combler mes lacunes en littérature contemporaine..Le premier livre de la longue liste qui m'attend est une plutot bonne surprise.

Septembre 1941. Stefan Zweig et son épouse Lotte déposent leurs valises à Pétropolis, au Brésil. Après des mois d'exil, de Londres à New York, c'est là qu'ils mettront fin à leurs jours, six mois plus tard, rongés par l'expansion du régime nazi. Six mois au cours desquels Zweig, hanté par le souvenir de ses amis disparus, des livres brulés, et de l'époque révolue d'une Salzbourg faste et humaniste, sombre peu à peu dans l'abime, que l'amour de Lotte et les moments d'écriture ne parviendront jamais à dissiper.

Le roman de Laurent Seksik mêle éléments biographiques et fiction romanesque avec talent, souvent, même si certains passages semblent tout droits transposés de correspondances, altérant la cohérence stylistique d'ensemble. Que l'on soit ou non lecteur de Zweig, on apprend beaucoup sur l'écrivain et sur l'homme, dont Seksik parvient cependant à préserver le mystère, jusque dans les motifs mêmes de son suicide. L'évocation du paysage intellectuel que la vague nazie entreprit de dévaster est riche et puissante. De Mann à Bernanos en passant par Romain Rolland, Seksik nous présente les nombreux écrivains qui ont côtoyé Zweig. Quant au personnage de Lotte, il éclipserait presque celui de son époux tant affleurent, tout au long du récit, le dévouement et la souffrance de n'être que l'ombre de la première femme de Zweig. Les dernières pages disent d'ailleurs très bien le déchirement d'une jeune femme qui ne souhaite pas vraiment mourir, mais qui l'aime trop pour laisser Zweig partir seul. Un roman d'amour, d'histoire et de mort, une lecture enrichissante et agréable, malgré des lourdeurs dans un style un peu trop fleuri à mon goût. N'imite pas Zweig qui veut dans l'art des biographies romancées...


Pour en savoir plus sur les derniers jours de Stefan Zweig, cliquez ici




mercredi 4 août 2010

La Délicatesse - David Foenkinos



 Nathalie est une jeune femme belle et discrète, qui aime rire et lire. Une de celles qui a « traversé l 'adolescence sans heurt, respectant les passages piétons ». Dans la rue, François l'aborde, et l'invite à prendre un verre. Il se dit que si elle commande du jus d'abricot, ce sera la femme de sa vie. Il se marient, sous la pluie. Sept ans de bonheur. Un dimanche, François part courir, et mourir, renversé par une voiture. Nathalie ne se rappellera jamais les mots qu'il lui a susurré à l'oreille avant de partir. Elle s'enfonce dans sa douleur, se réfugie dans son travail, refuse de vivre à nouveau. Jusqu'au jour où, dans son bureau, sans savoir vraiment pourquoi, elle embrasse un collègue, Markus, employé discret et mal dans sa peau. « Ce baiser, c'est comme de l'art moderne », et le point de départ d'une nouvelle histoire, celle du retour à la vie de Nathalie et de Markus, que tout sépare. Elle est l'incarnation de la féminité, il est insignifiant et décalé. Deux outsiders, dont l'union absurde crée la poésie qui manque à bien des vies.

Le huitième roman de Davis Foenkinos transforme une histoire banale en un conte romantique moderne. Le style, épuré, délicat et malicieux, truffe le roman d'une fantaisie légère. L'humour affleure, la gravité aussi: les pages qui racontent le deuil de Nathalie sont justes et touchantes. On se prend au jeu de l'amour improbable et de la magie qui jaillit de pas grand chose. De l'article sur le trafic de mozzarella que lit Markus en attendant Nathalie, du jardin de sa grand mère à Lisieux ou ils jouent à cache-cache, des Krisprolls ingurgités par Charles, son patron fou amoureux d'elle, adversaire presque trop fort pour Markus. La Délicatesse en est parsemée, et se lit d'une traite. On s'attache aux personnages, que les notes de bas de page cocasses contribuent à rendre vivants Ainsi, sur la soupe du jour que Nathalie commande au restaurant: « nous n'avons pas pu obtenir de détails concernant la nature exacte de cette soupe ».

Pour plus de détails concernant la nature exacte de la délicatesse, lire le dernier roman de David Foenkinos..





Start

End and start again, parce que c'est une belle chanson de Syd Matters, leur premier album, en 2003, quelle découverte! Parce que ca me fait penser à un chemin, pas très linéaire, mais sur lequel on a envie de rester, quoiqu'il s'y passe, parce qu'il est toujours possible de recommencer.

Et parce qu'il faut bien donner un titre à ce blog!


End and start again, Syd Matters