lundi 16 août 2010

Les disparues de Vancouver - Elise Fontenaille


 Le pitch:  

A Vancouver, la ville canadienne qui a accueilli les Jeux Olympiques d'hiver cette année, il y a un quartier, le plus pauvre, Downtown Eastide. Il regorge de junkies, de prostituées,  et ce sont souvent les mêmes personnes. De cette ville hors la loi dont on ne parle pas, 69 prostituées, la majorité d'entre elles étant des Indiennes, ont disparu entre les années 70 et 1997, dans la criante négligence des autorités et de l'opinion.

Le potch:

Le court roman d'Elise Fontenaille est un électrochoc. Sans compromis, il met en lumière un milieu et des crimes qu'il fait mieux cacher. Les détails objectifs du fait divers y sont associés au point de vue de Wayne, un ami de Sarah, l'une des Disparues dont il a été fou amoureux et dont il s'efforce de retrouver la trace. Sarah, jeune femme d'origine indienne, est l'héroïne absente, celle dont on lit les émouvants passages du journal intime, celle qui donne un corps au récit. Corps ravagé par la drogue, par le sexe, par la mort, il est le symbole d'une crise sociale et raciale dans un pays pourtant classé au hit-parade des endroits où il fait bon vivre. Photographie d'une réalité glaçante, servie par un style qui pêche parfois par son manque de sobriété - les faits sont, à mon sens, déjà suffisamment terribles-, les Disparues de Vancouver ouvrent la conscience, et offre une reconnaissance aux victimes. Il est dommage que la réflexion sur le sort des « natives » indiens au Canada n'ait pas été plus approfondie. C'est une réalité historique et sociologique que j'ignorais, et qu' Élise Fontenaille esquisse avec talent, dans un ouvrage dédié à la mémoire de Claude Lévi-Strauss. Variation littéraire autour d'un fait divers sordide, Les Disparues de Vancouver est aussi un manifeste social. A lire le cœur bien accroché. 

Les patchs: 

" Pourquoi les peuples qui n'ont pas d'écriture disparaissent-ils, tous, les uns après les autres..."

"Entendu un soir dans un bar: "Un quart des canadiens ont du sang indien dans les veines, les trois quarts restant ont du sang indien sur les mains."

2 commentaires:

  1. J'ai adoré ce livre, le premier que j'ai lu pour le Grand Prix : un grand coup de coeur et un grand coup au coeur...

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  2. Je ne connais pas le livre mais la citation sur le sang indien est terrible!

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